Dans un marché perturbé, comment se porte Delta Dore ?
Delta Dore se porte bien compte tenu du contexte. Nous ne sommes pas en croissance, mais l’entreprise est résiliente. L’activité du neuf fait grise mine, mais la rénovation se comporte correctement, même si ce n’est pas la meilleure année de notre histoire.
Le gouvernement Barnier a brutalement interrompu le Coup de pouce thermostats. Ce dispositif vous a-t-il profité ?
Nous en avons bénéficié de façon relativement limitée, car beaucoup d’acteurs ont cherché des solutions à bas coût, fabriquées en Asie, pour optimiser à court terme le résultat, sans toujours se préoccuper de la durabilité de l’installation. C’est malheureusement souvent le cas des aides publiques : elles profitent avant tout aux opportunistes.
Le même phénomène a déjà a été observé sur d’autres marchés. Cela vous incite-t-il à imaginer un cahier des charges, un label pour flécher un standard de qualité minimal ?
Ce serait indispensable, et des réflexions sont d’ailleurs en cours avec l’administration. Toute la filière formule des propositions pour garantir, en cas de nouveau Coup de pouce, que le matériel sera de qualité et posé par des professionnels dont c’est le métier.
De façon plus large, qu’est-ce qui amène un particulier vers les solutions de régulation ?
Les besoins sont de trois ordres. En premier lieu, le consommateur recherche des économies, particulièrement depuis la crise de 2022. En été comme en hiver, la régulation apporte des économies d’énergie. Ce sujet existe depuis longtemps, mais il n’était pas en tête il y a quelques années. Le confort arrive en deuxième position. Enfin, vient la sécurité.
Les installateurs s’emparent-ils suffisamment du sujet de la régulation ?
Oui, mais c’est à nous de les alimenter avec des études sérieuses et crédibles. Une étude de l’Ademe, qui a plus de dix ans, évaluait à plus de 15 % les économies apportées par une régulation. Mais cette étude date un peu, et la filière travaille actuellement, avec un organisme public, à renouveler ce calcul, en prenant aussi en compte le confort d’été et les protections solaires. Nous aurons quelque chose de nouveau en 2025. La RT 2012 et la RE 2020 ont beaucoup fait évoluer le marché.
Le marché de la PAC est en chute libre, du fait de la chute du neuf mais aussi du fait des inquiétudes autour du prix de l’électricité. La régulation peut-elle y répondre en partie ?
On ne changera pas le fait que l’investissement dans une PAC est nettement plus important que dans une chaudière. Mais optimiser le fonctionnement de la PAC réduit son coût de fonctionnement. Pour une PAC air-air, par exemple, commander les protections solaires avant de déclencher la PAC en mode froid apporte une réelle efficacité. Nous avons développé un produit avec Hitachi, qui prend en compte les protections solaires pour appeler le moins de puissance possible.
Le DPE prend beaucoup d’importance sur le marché immobilier. La régulation permet de gagner une lettre de DPE sans gros travaux. Est-ce suffisamment connu ?
On a couramment la représentation de travaux lourds, en milliers d’euros, pour gagner une lettre de DPE. Or, dans de nombreux cas, la régulation peut suffire, pour quelques centaines d’euros, à changer de classe de DPE. La régulation est mentionnée dans les recommandations, mais pas suffisamment priorisée.
Le marché de l’électricité est en pleine transformation : heures à prix négatifs, prix volatils, effacement… Cela transforme-t-il vos offres ?
Ce phénomène s’inscrit dans un temps assez long. La France, longtemps protégée par des prix bas de l’électricité, y est à son tour confrontée. Il faut d’une part équilibrer le réseau électrique face à l’intermittence des renouvelables, avec une importance croissance du décalage de la consommation. Il y a d’autre part l’impact très fort du véhicule électrique. Il appelle au minimum 3,7 kW, parfois 7. Ca ne permet pas de faire fonctionner la pompe à chaleur en même temps que la charge du véhicule dans une maison individuelle.
Mais le vehicle-to-home arrive, et change la donne. RTE mise d’ailleurs beaucoup sur les batteries des véhicules pour équilibrer le réseau électrique. Ne pas surdimensionner son abonnement électrique et consommer au bon moment sont des enjeux-clés !
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