GCC s'est constituée comme une ETI de la construction, avec un développement relativement récent autour de l'énergie. Que pèse cette activité dans le groupe, à la fois en termes de chiffres et d'un point de vue organisationnel ?
Chez GCC, nous tenons beaucoup à cette notion d’ETI. Nous nous sommes constitués autour de trois pôles : le bâtiment, à l’origine de l’entreprise, l’immobilier et l’énergie. Les premières entités énergie ont rejoint le groupe il y a vingt ans, mais nous accélérons depuis trois ans. GCC Energie compte désormais 17 filiales, dans les métiers du génie électrique et du génie climatique. Cela représente 200 M€ de CA et 1000 collaborateurs.
Vous conservez les entités locales, pour quelle raison ?
Nous tenons à cette identité locale forte, à ce lien avec nos clients. La majorité de notre activité se fait autour du service : marchés à bon de commandes, maintenance… Les petits travaux pèsent 35 % de notre activité.
L'énergie dans le bâtiment, ça va de la PAC en maison individuelle au réseau de chaleur urbain. Où posez-vous les frontières de ce qu'est votre métier ?
Nous faisons du management de l’énergie du bâtiment, dans un esprit de sobriété fonctionnelle. Nous cherchons à réaliser l’installation la plus efficiente possible pour nos clients, exclusivement des professionnels. Notre objectif, c’est de livrer le juste nécessaire. Par exemple, notre filiale BTB travaille avec nos clients sur la réduction du nombre de transformateurs, qui ne sont le plus souvent que chargés à 20 ou 25 %.
Régulation, GTB mais aussi production d’énergie : notre champ est vaste. Nous venons d’ailleurs de créer une activité photovoltaïque, sous la marque PartENR.
Que recouvre cette nouvelle marque PartENR ?
Il s’agit d’une marque de production d’énergie photovoltaïque. Nous avons acquis Smart Energy Concept en mars dernier, et nous avons créé Orasol. Nous voulons aller plus loin, en proposant aussi du tiers-financement à nos clients pour lever l’obstacle principal au photovoltaïque, en propre ou avec des partenaires bancaires. Nous pourrons aller au-delà du photovoltaïque. Nous serons producteurs d’énergie et aiderons nos clients à le devenir.
Réponse à une obligation réglementaire, protection contre la volatilité des prix de l'énergie, décarbonation, RSE... : quels sont les drivers qui décident vos clients à passer à l'acte ?
Souvent, c’est tout ça à la fois ! Les enjeux sont financiers, énergétiques et de décarbonation. Nos clients ont du mal à suivre toutes les évolutions, nous sommes là pour faire le juste nécessaire en maximisant le retour sur investissement. Récupération de la chaleur fatale, PAC haute température, machines à absorption, free cooling, désembouage des réseaux… : nous apportons des économies substantielles.
La maîtrise de l'énergie, ce sont des techniques bien sûr, mais aussi des usages. Comment conciliez-vous la vente et l'installation de produits, avec l'impératif d'associer les usagers, de les embarquer pour que les économies d'énergie soient effectivement au rendez-vous ?
Cette question est très importante. Il faut déterminer comment passer de l’efficacité énergétique à la sobriété énergétique. Nous entrons alors dans une démarche sociologique, qui nécessite que les économies attendues par les clients soient acceptées.
Le comptage est souvent une solution très utile, que nous portons via notre filiale Apilog. Nous pouvons ainsi remonter l’ensemble des comptages d’un bâtiment et analyser l’ensemble des informations. Le client entre alors dans une spirale positive, qui traduit dans les chiffres les efforts quotidiens des usagers.
Une entreprise cherche généralement à fidéliser des clients. Dans l'univers du tertiaire et de l'industrie, comment transforme-t-on l'opportunité en récurrence ?
Chez GCC, nous sommes plus une entreprises de personnes qu’une entreprise de contrats complexes. Nous détenons quelques contrats d’exploitation, mais nous tenons avant tout à notre connexion avec nos clients. Nous voulons une relation simple, de confiance. Nous entrons souvent par les petits travaux, qui génèrent de la confiance. Nous proposons alors des travaux plus importants, dans le cadre d’une relation de partenaires dans la durée.
Dans l'univers industriel et tertiaire, quelle technologie vous paraît la plus porteuse dans un horizon proche ?
Les solutions de PAC haute température offrent un bilan CO2 très intéressant par rapport aux groupes froids, et les constructeurs avec qui nous travaillons annoncent encore des avancées importantes. Cette technologie est appelée à se développer y compris dans les moyennes et grandes puissances.
Parlons datas centers. Ces infrastructures semblent appelées à un bel avenir ! Comment agir pour en maîtriser les consommations énergétiques?
Les datas centers sont effectivement de plus en plus gourmands. Il faut travailler en amont sur la consommation électrique, mais de toute façon ils seront de plus en plus énergivores. Des solutions existent autour de la récupération de la chaleur fatale, par exemple pour un réseau de chaleur à proximité. Nous pouvons aussi optimiser la puissance en bout de chaîne, le PUE, et gagner ainsi 20 à 25 % d’efficacité.
Les financements publics sont globalement à la baisse. Y a-t-il une mesure publique qui vous semblerait souhaitable pour achever de convaincre les maîtres d'ouvrage de passer l'acte, dans tous vos univers ?
Globalement, je ne suis pas adepte des aides publiques. Les entreprises sont fondamentalement faites pour proposer des solutions auto-porteuses. On a vu ce que le moratoire en 2010 sur le photovoltaïque a donné. Utilisés à raison, les CEE fonctionnent bien. Je trouve ce système gagnant-gagnant. Il permet de financer des opérations qui n’auraient pas eu lieu sans ce dispositif.
1990 : diplômé de l’INSA Lyon
2008 : directeur d’exploitation chez ETDE (Bouygues Energies & Services)
2012 : directeur régional chez ETDE
2018 : DG du Pôle Energie de GCC