Après une période bénie, le marché de la PAC traverse une très forte zone de turbulence. S’agit-il pour vous d’un phénomène conjoncturel ou d’une remise en cause plus profonde de cette technologie ?
Je suis convaincu qu’il s’agit d’une phase d’adaptation. Le marché du bâtiment est éminemment cyclique, et nous subissons depuis la mi-2023 le contrecoup de la très forte hausse d’activité que nous avons connue post-Covid. Mais la PAC reste un élément-clé de la transition bas carbone. In fine, je suis convaincu que ce marché va repartir, mais pas forcément à très court terme.
Quels sont pour vous les freins qui dissuadent les particuliers d’investir ?
La PAC domestique reste une solution mystérieuse, compliquée techniquement et économiquement. Comment ça marche ? Combien ça coûte ? La filière doit avoir des réponses claires et pédagogiques à ces deux questions, et rappeler leur impact positif sur la transition énergétique et sur les factures au quotidien. Mais les pouvoirs publics doivent de leur côté assurer la stabilité et la simplicité des régimes d’aides. Il faut aussi interroger le rapport entre prix du gaz et prix de l’électricité, ce qui constitue un levier majeur.
Les exigences actuelles, notamment celles de la F-Gaz, appellent des investissements considérables. Y êtes vous prêt ?
Nous vivons un moment paradoxal. Le marché traverse un coup de mou, mais on insiste à un déluge réglementaire, notamment européen. Tous ces textes vont dans le sens d’une augmentation des coûts de la PAC ! Je ne peux que le constater et m’y adapter. Le Groupe Atlantic est convaincu de la pertinence de la solution, et anticipe la reprise du marché. Nous sommes prêts à consentir, car nous avons les reins solides et une forte confiance dans l’avenir.
Plusieurs acteurs se rapprochent pour former des géants mondiaux. Le groupe Atlantic a-t-il besoin de ce type de partenariat, notamment pour générer des économies d’échelle qui permettraient de baisser les prix des produits ?
L’ADN du groupe, depuis son origine, est de répondre à l’ensemble des besoins de confort thermique. Les partenariats font donc partie de l’ADN du groupe ! Nous avons noué des partenariats technologiques avec des fabricants de composants ou avec des acteurs qui fabriquent les mêmes produits que nous sur d’autres marchés. Ces partenariats peuvent servir à amortir des efforts de R&D, mais aussi à obtenir des volumes significatifs. Fujitsu Général en thermodynamique ou MHI pour les systèmes collectifs sont d’excellents exemples !
La structure de coût d’une PAC, c’est bien sûr le produit, mais aussi le temps de pose. Les industriels ont-ils un rôle à jouer pour simplifier la pose et donc ouvrir la voie à une diminution de la facture finale ?
Dans un devis, le produit ne représente que 50 % du prix. L’ensemble de la filière doit réfléchir à l’après-MaPrimeRénov’, et se préparer à proposer des PAC qui ne nécessitent plus le niveau de subventions actuelles. C’est pour cela que nous formons chaque année des milliers de professionnels, et que nous avons investi dans cinq centres techniques, dont quatre en France.
Les PAC air-eau sont généralement réversibles, et peuvent produire du froid. Mais peu de gens le savent, et les émetteurs ne sont pas toujours adaptés. Pensez-vous qu’il faille davantage insister sur ce point ?
Le confort d’été devient un sujet majeur. S’adapter à une hausse de température de 4 °C nécessite des solutions. La PAC air-eau en est une ! Il faut réfléchir à des émetteurs adaptés.
Parlons ventilation, un marché sur lequel Atlantic est fortement positionné. Il se porte nettement mieux que le chauffage. Comment expliquez-vous cet intérêt pour la ventilation ?
Dans les systèmes les moins performants de ventilation, un tiers de la facture d’électricité servira à réchauffer l’air ambiant ! La ventilation joue sur la qualité de l’air, mais aussi sur la facture. C’est ce que nous proposons par exemple avec notre produit Hygrogenius, qui enclenche la ventilation au moment opportun, en fonction du besoin.
Les transactions immobilières dans l’ancien semblent se stabiliser, ce qui pourrait laisser présager d’une reprise l’an prochain. Est-ce une bonne nouvelle pour les acteurs du génie climatique ?
C’est sans doute la lumière au bout du tunnel. Le vendeur cherche à améliorer son bien, l’acheteur profite de l’entrée dans le logement pour gagner une à deux classes de DPE avec des solutions concrètes et abordables. La note de DPE permet de structurer notre message, dans la perspective d’une modification de notre communication dont je parlais tout à l’heure.
Un marché présente encore des interrogations techniques, celui du collectif, avec soit des chaufferies, soit des chaudières individuelles par appartement. Quelles solutions voyez-vous s’imposer ? De la R&D est-elle nécessaire pour faire émerger de nouvelles solutions ?
Dans le neuf, la PAC collective prend son envol, avec des produits bien maîtrisés par les industriels et les installateurs. La voie est tracée par la RE2020. Dans l’existant, nous préconisons d’hybrider les chaudières existantes en y ajoutant une ou plusieurs PAC. L’hybridation améliore l’efficacité, diminue l’empreinte carbone et optimise l’investissement.
Le tertiaire offre des perspectives bien plus solides à moyen terme que le résidentiel. Atlantic y est présent via Atlantic Systèmes. Quels sont selon vous les drivers de la demande sur ce marché ?
C’est un marché dynamique, drivé par le bas carbone et l’efficacité opérationnelle. Je suis impressionné par l’amélioration spectaculaire du tertiaire neuf ces dix dernières années. Dans l’existant, améliorer les actifs et le bien-être des salariés sont au cœur de la RSE. Les entreprises regardent par ailleurs leurs coûts. Cela en fait un marché différent de celui des particuliers. Une marque comme Atlantic, qui a démarré dans le résidentiel, s’y attelle. A l’image de Renault avec Renault Trucks, nous avons développé notre offre pour ce marché.