Dans les 140 écoles parisiennes déjà traitées par Vertuoz, filiale smart building d’Engie, les chaudières n’ont pas été changées. La réduction des consommations est passée par une greffe d’objets connectés et une implantation de neurones.
« Jusqu’à présent était mis en place une solution de régulation classique « GTB » mais qui ne pouvait pas aller très loin. En gros, la gestion du chauffage était assurée avec des automates munis d’ un programme horaire hebdomadaire 8-18h et le chauffage était coupé pendant les vacances scolaires », indique Jean-Christophe Bourgeois, Directeur Innovation et Internet des objets chez Vertuoz.
« La limite de ce système GTB classique c’est que toutes les classes sont chauffées à 19°C alors qu’elles ne sont pas tout le temps occupées. Le système n’est pas assez intelligent et se réduit à un raisonnement « si/alors ». Il ne sait pas tirer profit de la multitude de données ».
C’est l’internet des objets qui a permis de dépasser cette limite. Des objets connectés ont été implantés dans chaque classe : sondes de température, sondes de présence et vannes thermostatiques à chaque radiateur. Si les sondes sont alimentées par des mini panneaux photovoltaïques, les vannes disposent d’une technologie radio sans pile complétement indépendante. Grâce à l’exploitation de l’effet Peltier inversé, la différence entre la température du radiateur et celle de la pièce permet de fournir suffisamment d’énergie pour ouvrir et fermer les vannes jusqu’à 40 fois par jour.
« Nous en avons d’ores et déjà installées 6 000. Alors qu’il est compliqué et cher de greffer une sonde sur la GTB, les objets se déploient très rapidement. Chaque objet est identifié, il suffit de le scanner avec son smartphone et on lui attribue tout de suite une adresse associé à la salle de classe où il se situe pour pouvoir l’identifier de manière unique sans risquer de se tromper. Deux personnes sont capables d’implémenter une centaine objets dans une école entière en une journée ! »
Au-delà de la greffe d’objets connectés, il a également fallu ajouter une dose d’intelligence artificielle. « Si on attend que les détecteurs envoient le signal, le l’inertie thermique étant long, les élèves auront froid pendant une heure. Un algorithme d’intelligence artificielle permet de mieux connaître les usages de chaque classe et, par auto-apprentissage, va peaufiner le planning d’occupation. Aujourd’hui on connait en permanence le besoin de chauffage de chaque salle de classe et quand elle va en avoir besoin. Cela permet d’optimiser la relance, circuit de chauffage par circuit de chauffage, et ainsi de ne pas perdre de chaleur dans le réseau ».
Le dispositif est d’ores et déjà mis en place dans 2 000 classes parisiennes et 60 autres écoles vont suivre. Paris n’est pas la seule à vouloir des écoles plus intelligentes et la ville de Morteau et Limoges, par exemple, ont d’ores et déjà adopter cette solution pour leurs écoles primaires et d’autres bâtiments communaux et des Ehpad.
Le décret obligeant tout propriétaire d'un bâtiment de plus de 1 000 m² à imaginer une stratégie d’amélioration de la performance énergétique à compter du 1er octobre 2019 devrait faire d’autres émules. « Nous sommes prêts, le seul frein que nous allons rencontrer c’est le degré d’ouverture des GTB qui nous empêcheront surement d’interagir facilement avec elles mais nous avons des solutions pour contourner cette difficulté… »