À la veille de la RE 2020, les ministères de l'Écologie, de l'Économie et de la Cohésion des territoires tirent les enseignements de la RT 2012 dans un rapport de 140 pages rédigé conjointement par le Conseil général de l'Environnement et du Développement durable et le Conseil général de l'Économie, de l'Industrie, de l'Énergie et des Technologies. Morceaux choisis.
Des remords sur l’expulsion de l’Effet Joule« Respecter le Cep avec un chauffage par effet Joule nécessite une sur-isolation (Bbio – 40 %). Donc en dehors de la zone sud-est, ce mode de chauffage a pratiquement disparu pour les bâtiments conformes, alors qu’il était le moins cher à l’installation, à savoir de 50 à 100 € pour des convecteurs d’entrée de gamme. Deux types d’amélioration ont été mis en place par les fournisseurs, des panneaux rayonnants qui procurent un meilleur niveau de confort et une chaleur plus homogène et surtout des fonctions de pilotage actif qui peuvent aider à traiter le problème de consommation. En effet ce mode de chauffage extrêmement ajustable permet une grande finesse, sans doute insuffisamment prise en compte dans le moteur de calcul qui repose sur un scénario conventionnel en escalier - 19° lors de la présence de l’occupant, 16° sinon - sans tenir compte de l’inertie du logement, surtout s’il est bien isolé. Les systèmes actuels permettent à la fois des détecteurs de présence et d’ouverture de fenêtre et des services d’apprentissage qui tiennent compte du rythme de vie et de l’inertie du bâtiment. Il faut compter entre 280 à 350 € pour des radiateurs haut de gamme connectés. Le ballon à accumulation peut lui aussi bénéficier d’un pilotage très précis commandé par un équipement domotique."Solution préconisée : Réaliser, en tenant compte de l’économie du système électrique, une évaluation économique, environnementale et de confort d’usage des équipements d’eau chaude à accumulation ainsi que des solutions de pilotage actif sur des appareils à effet Joule évolués, dotés de fonctions d’ajustement de la demande et de limitations de puissance commandées par le réseau.La qualité de l’air pointé du doigt« L’arrêté de 1982 n’est pas visé dans les textes relatifs à la réglementation thermique de 2012. Or, une isolation accrue renforce le besoin de renouvellement d’air à certains moments dans les pièces humides. Il en va du niveau d’humidité dans ces pièces, ce qui pose une question de qualité de l’air et d’hygiène. Selon les experts thermiciens rencontrés par la mission, il est souhaitable de faire un point sur les seuils réglementaires minimaux fixés en 1982 pour le débit d’air extrait dans les pièces humides. S’il apparaît nécessaire pour des questions de qualité de l’air de les revoir à la hausse dans certains cas, il conviendra alors de faire le point sur les solutions techniques correspondantes et sur leur capacité à répondre aux besoins sans diminuer la performance énergétique du bâtiment. »Solution préconisée : Revoir la réglementation de 1982 sur la ventilation en cohérence avec la réglementation thermique.Clim ignorée « Certains interlocuteurs ont fait part à la mission d’une solution de contournement qu’ils ont observée, à savoir la pose de climatiseurs après la livraison des bâtiments pour remédier aux surchauffes constatées, et dont ils soulignent l’installation dans des conditions de performance et de sécurité non optimales, de nature à ruiner les objectifs poursuivis. La mission considère qu’en premier lieu la performance du bâtiment doit être optimisée sur un plan technico-économique lors de l’étude du projet, grâce à son enveloppe, sa conception et ses équipements. Ensuite, s’il demeure une prévision de surchauffe en été, voire en demi-saison, la mise en place d’un système de rafraîchissement est alors à recommander pour une question de confort d’autant plus qu’une consommation d’électricité pour le rafraîchissement est admissible au regard des objectifs nationaux de politique énergétique. C’est particulièrement le cas si le système de rafraîchissement utilise une production d’énergie renouvelable, par exemple grâce à des panneaux photovoltaïques. »Solution préconisée : Compte-tenu du changement climatique, améliorer les conditions réglementaires du recours à la climatisation en autorisant une augmentation du seuil maximal de consommation dans ce cas.Confort d’été pas assuré« Le confort d’été est un besoin. Il est dommage que dans la forme réglementaire, il ne soit pas jumelé voire incorporé à la démarche bioclimatique au stade du calcul du Bbio. Beaucoup de bâtiments ne sont pas climatisés. Pour eux le bâti est optimisé sur un Bbio qui ne prend pas en compte le « besoin de froid », donc essentiellement pour la saison de chauffe, et l’exigence sur la Tic n’a pas nécessairement un poids suffisant. Il y a un risque d’inconfort estival. »Solution préconisée : Prévenir efficacement l’inconfort d’été des bâtiments neufs en fixant de nouvelles dispositions dans la RT 2012 et dans son moteur de calcul.Le sauveur du solaire thermique devenu son bourreau" La baisse déjà enclenché en 2012 s’est poursuivie les années suivantes, avec un déclin en partie lié cette fois-ci à la RT 2012 avec : : 1) la prise en compte du CET dans la méthode de calcul, technologie qui relevait jusqu’alors du « titre V opérations », 2) la dérogation accordée au secteur de l’habitat collectif de dépasser de 15 % la consommation énergétique maximale autorisée par la RT2012 (soit un passage, pour le collectif, de 50 kWh/m².an à 57,5 kWh/m².an), sans obligation d’utiliser une part d’énergies renouvelables.C’est ainsi que, dans l’habitat collectif, le nombre de mètres carrés de panneaux solaires thermiques installés par an est passé d’environ 120 000 m²/an en 2012, à un peu plus de 50 000 m²/an en 2015. Ce déclin dans l’habitat collectif a par ailleurs été amplifié par les premiers retours d’expérience sur les systèmes d’eau chaude solaire installés avant 2012."Solution préconisée : AucuneÀ lire également : Moteur de calcul de la RE 2020 : l'État veut éviter les erreurs de la RT 2012