Comment organisez-vous votre retour sur les chantiers ?
Dès le début du confinement, alors que les techniciens ont été mis au chômage partiel, nous avons anticipé les démarches pour collecter masques, gants et gel hydro-alcoolique. Très rapidement, notre équipementier nous a proposé des masques lavables, mais ils n'étaient ensuite pas compatibles avec les premières recommandations de l'OPPBTP, qui, depuis, est revenu sur ces préconisations. Nous avons finalement été soutenus par des entreprises basées à Monaco et à Nice qui nous ont fournis des masques FFP1 et FFP2. Nous avons donc pu préparer des kits pour permettre à nos employés, qui se languissaient de travailler à nouveau, de repartir sur les chantiers. Chacun a son véhicule, donc nous n'avons pas eu à aménager les utilitaires. Quant au gel hydro-alcoolique, ma soeur travaille en pharmacie, elle m'a donc prévenu quand un nouveau stock arrivait pour que j'en bénéficie. Il y a eu beaucoup de débrouille, mais la reprise d'activité en toute sécurité est désormais possible !
Comment imaginez-vous la reprise au 11 mai ?
Depuis une dizaine de jours déjà, nous avons rouvert 30 % de nos chantiers. D'ici deux semaines, nous devrions être à 100 %, grâce à ces équipements de sécurité pour le personnel que nous pouvons garantir. Il y a également une vraie volonté de la part de l’ensemble de nos clients de redémarrer les chantiers. La timidité viendra, à mon avis, des maîtres d'ouvrage qui n'auront pas envie d'endosser la responsabilité éventuelle d'un technicien malade sur le chantier. Forcément, tout le monde est un peu frileux sur cette question de responsabilité, mais les risques sur chantier sont quotidiens. Même avant le Covid-19, nous, les chefs d'entreprises, étions déjà responsables de nos gars. Nous resterons en première ligne s'il devait y avoir un problème.
Prévoyez-vous donc une reprise sans nouveau chantier ?
Dans le privé, il y a une vraie nécessité à terminer les chantiers entamés avant le début du confinement, c'est évident. En revanche, les décisionnaires pour lancer de nouveaux chantiers seront, à mon avis, beaucoup moins motivés. Certaines réformes et mesures sont attendues pour les constructions neuves, personne ne sait si les permis de construire seront délivrés, ni à quel rythme. Quant au public, comme à chaque élection, c'est le flou total, et encore parce que ces élections municipales sont en suspend dans beaucoup de communes. Que faire de tous ces projets de collectivités ralentis ou mis de côté avant les élections ? Cela aura des répercussions jusqu'à la fin de l'année si les politiques ne prennent pas de décision.