Après quasiment quatre semaines de confinement, et la parution du guide des bonnes pratiques de l'OPPBTP, pensez-vous reprendre les chantiers ?
Non, nous allons continuer à traiter les dépannages urgents, mais nous ne ferons pas plus. Le guide a confirmé que mes choix étaient les bons. 90 % de mes chantiers sont chez des particuliers, et nécessitent deux techniciens, c'est donc incompatible avec les recommandations du guide, surtout si je ne peux pas assurer à mes employés une sécurité maximale. Le guide m'a rassurée, et a confirmé dans quels cas nous ne devions pas intervenir. Le questionnaire à remplir pour chaque chantier, si je peux le lancer ou non, est d'ailleurs très bien fait. C'est simple, tant que je n'ai pas les équipements spécifiques, je ne peux pas reprendre l'activité.
Que vous manque-t-il pour reprendre ?
De masques ! Nous avons fait une commande groupée avec l'antenne locale de la FFB, mais je ne serai pas livrée avant la fin du mois d'avril, au mieux ! Nous devons également mutualiser nos besoins avec d'autres confrères pour passer une nouvelle commande au nom du Gesec. En revanche, nous avons déjà reçu des gels hydro-alcooliques, grâce à une industrie cosmétique sur le département qui s'était mobilisée rapidement. La FFB avait pu centraliser les demandes, de même pour les gants. Je crois que le réseau n'a jamais été aussi actif ! C'est une des belles conséquences de ce confinement. Je suis au téléphone très régulièrement avec une dizaine de confrères, il y a un réel élan de solidarité et de partage.
Comment imaginez-vous le retour sur les chantiers ?
Ce sera forcément compliqué. Déjà financièrement, nous allons devoir investir dans des équipements de désinfection des outillages collectifs. Nous devrons également veiller à ce que nos techniciens appliquent le mieux possible tous ces gestes barrières. On nous recommande de leur faire signer des protocoles, pour les responsabiliser. C'est sûr que le risque zéro n'existe pas. Mais pour l'instant, nous avons la chance d'être peu touchés par le coronavirus dans les Alpes-de-Haute-Provence. Et nos clients sont fidèles, je sais qu'ils vont nous attendre pour travailler avec nous, donc je ne précipite pas le retour sur le terrain. D'autant que le confinement m'a fait réalisé que nous pouvions faire beaucoup de diagnostics par téléphone ! Nous avons évité près de 70 % de nos déplacements en réglant le problème à distance, souvent pour des broutilles comme changer les piles du thermostat ou tapoter sur le robinet du radiateur... C'est une leçon pour plus tard, lors de futures périodes de surcharge d'activité.