Comment vivez-vous cette crise sanitaire ?
Nous avions déjà commencé une réorganisation une semaine avant le confinement, en déployant le télétravail pour ceux qui pouvaient, et à imaginer le cas où l'un de mes collaborateurs tomberait malade. Une fois l'intervention du Président de la République, nous étions donc déjà en train de prendre la décision de suspendre notre activité. Tous mes techniciens sont au chômage partiel. Bien évidemment, ils restent disponibles s'il y a une urgence, notamment dans les maisons de retraite où nous assurons la maintenance. J'apprécie énormément la solidarité de mes collaborateurs, et leur prise d'initiatives. Ils ont notamment décidé d'être tous d'astreinte, en respectant les gestes barrières, et s'organisent pour envoyer celui qui habite le plus près de telle ou telle urgence.
Arrêter de travailler était donc pour vous une évidence ?
Evidemment ! En tant que chef d'entreprise, il ne faut pas oublier nos employés. Nous ne devons pas les décevoir avec des décisions qui pourraient les mettre en danger, juste pour continuer à faire du chiffre. Que le gouvernement veuille nous voir travailler à nouveau est irresponsable. Comment voulez-vous continuer sereinement un chantier quand, et tous les professionnels du bâtiment le savent, se croisent une multitude d'ouvriers ? Si le pic de la pandémie arrive en fin de semaine, comme certains le prévoient, j'espère que tous les chantiers seront fermés.
Le guide des bonnes pratiques sur le chantier, attendu cette semaine, permettrait-il de reprendre le travail ?
Je ne vois vraiment pas ce qu'il changera. Je suis profondément déçu que les organisations représentant les artisans aient retourné leur veste samedi, après une discussion avec le gouvernement. Comme si ce guide allait rassurer tous les techniciens et chefs d'entreprise ! Les organisations professionnelles auraient du continuer de nous soutenir, au lieu de fléchir. Elles nous représentent.
Pensez-vous à l'après-confinement ?
Nous sommes en train de mettre en place des outils pour demander à chaque collaborateur de lister chaque étape importante à un bon redémarrage de l'activité. Nous avons un peu de temps pour prévoir cette reprise, et nous voulons mettre à profit les expériences de chacun de nos employés. Je crois sincèrement que placer nos salariés au coeur de cette crise sanitaire est nécessaire, que ce soit pour les protéger face à la pandémie, mais aussi pour les rendre acteurs de la reprise.