La version finale de la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), mise en ligne lundi 20 janvier pour consultation, prévoit que la biomasse représente, dès 2023, la plus grande part des consommations finales de chaleur.
Pour y arriver, le gouvernement compte :
- Favoriser la valorisation chaleur de la biomasse avant la cogénération haut rendement. La chaleur sera nettement prioritaire pour la valorisation énergétique de la biomasse ;
- Remplacer à un rythme rapide les appareils indépendants de chauffage au bois (foyers, poêles, inserts) peu performants par des équipements plus performants en termes de rendement et de qualité de l’air (flamme verte, granulés, etc.) ;
- Organiser une campagne de sensibilisation sur la bonne utilisation du bois domestique ;
- Développer des analyses territoriales de la biomasse à l’échelle régionale (dans le cadre de l’élaboration des schémas régionaux biomasse) afin de mobiliser les ressources en biomasses disponibles mais pas encore exploitées avec une mise à jour des données d’inventaire (travail en cours de l’IGN) ;
- Poursuivre le soutien aux chaufferies dans le collectif et l’industrie via le Fonds chaleur.
1 000 logements collectifs par an équipés d’une pompe à chaleur géothermique
L’Etat compte également beaucoup sur la thermodynamique pour chauffer les Français Dans un des deux scénarios envisagés, les PAC aérothermiques , en maison individuelle, correspondent en 2028 à un parc de 6,8 millions (PAC air/air et PAC air/eau) soit une multiplication du nombre d’équipements par 2,8 par rapport au parc 2017, et un parc de pompes à chaleur géothermiques de 315 000, soit une multiplication par 2 du nombre d’équipements par rapport au parc 2017.
Dans le collectif, les PAC aérothermiques correspondent, en 2028, à un parc de 2,2 millions, soit une multiplication par 2,9 du nombre d’équipements par rapport au parc 2017, et un rythme de 1 000 logements collectifs par an équipés d’une pompe à chaleur géothermique.
Dans le tertiaire, en 2028, l’objectif est de 114 millions de m² de surfaces tertiaires chauffées par pompe à chaleur aérothermique, soit une multiplication par 2 par rapport au parc 2017.
Pour y arriver les pouvoirs publics comptent :
- Pérenniser des soutiens via le CITE/MaPrimeRénov’ pour les PAC air/eau et pour les PAC géothermiques, en visant le même ordre de grandeur de reste à charge pour l’une ou l’autre de ces deux solutions ;
- Soutenir la géothermie assistée par pompe à chaleur ainsi que les projets de froid renouvelable par géothermie via le Fonds chaleur.
Ressusciter le solaire thermique
La précédente PPE prévoyait une redynamisation du solaire thermique par le biais des applications de grande surface dans le collectif, l’industrie et sur réseaux de chaleur et des perspectives dans le résidentiel individuel et collectif en cas de renforcement de la réglementation thermique en matière de production de chaleur renouvelable. La consommation finale de chaleur à partir de solaire thermique tablait sur un rythme moyen de 100 000 m² installés par an dans l’individuel et environ 200 000 m² installés par an dans le collectif / tertiaire.
En 2017, on comptabilise moins de 100 000 m² installés tous secteurs confondus, donc un rythme trois fois inférieur. Pour 2023, les objectifs de cette nouvelle PPE nécessitent donc de multiplier par 5 à 9 les m² de surface thermique à installer par an en moyenne par rapport à 2015...
L'Etat compte sur une série de mesures pour parvenir à redonner un coup de barre vers un cap qui semble innacessible :
Dans l’individuel :
- Pérenniser le soutien via le CITE aux dispositifs solaires thermiques (SSC, CESI, etc.) dans le cadre du recentrage du CITE sur les travaux les plus efficaces ;
- Développer un kit de communication pour les conseillers FAIRE sur l’intérêt du solaire thermique dans l’individuel, promeuvent davantage cette solution.
Dans le collectif, tertiaire et l’industrie :
- Prolonger pour au moins 3 ans l’appel à projets du Fonds chaleur pour les grandes surfaces solaires thermiques, dont les critères d’évaluation des projets ont été revus en 2019 ;
- Permettre des aides du Fonds chaleur à la réhabilitation d’installations défaillantes : audit de dimensionnement, instrumentation des performances, montée en compétences, subvention sous condition (par exemple si aucun soutien déjà accordé sur l’installation ou si un CPE est envisagé) ;
- Poursuivre la prise en compte pour l’attribution de la TVA à taux réduit de la chaleur livrée par des réseaux alimentés par du solaire thermique ;
- Intégrer dans les audits énergétiques des grandes et moyennes entreprises une évaluation technico-économique de la production de chaleur solaire ou géothermique ;
- Développer une communication sur l’intérêt du solaire thermique vers le milieu agricole ;
- Diversifier le rôle des animateurs bois énergie vers d’autres technologies comme le solaire thermique et la géothermie.