Des bouteilles de R32 et de R404A ont notamment été saisies lors de cette prise.
Menée simultanément dans les provinces de onze grandes villes espagnoles, l'opération nommée « Marum » a permis une importante saisie de 110 tonnes de fluides destinés au marché noir. Suite à l'action conjointe de la Guardia Civil, l'Agence fiscale, Europol et OLAF *, c'est toute une importante organisation criminelle de trafic de gaz fluorés mais aussi de drogues qui a été démantelée.
Dans le cadre de cette opération, 27 personnes ont été arrêtées, dont les meneurs du réseau, et trois personnes ont été mises en examen pour les délits présumés d'appartenance à une organisation criminelle, de contrebande, d'atteinte au Trésor public et à la sécurité sociale, de blanchiment d'argent, d'atteinte à l'environnement, d'atteinte à la santé publique et d'atteinte aux droits des travailleurs.
Dans un communiqué du ministère de l'Intérieur espagnol, on apprend que la valeur des fluides saisis s'élèverait à 11 millions d'euros équivalents à 110 tonnes de différents types de réfrigérants, notamment du R32 et du R404A. Globalement les policiers ont aussi mis la main sur 600 unités de climatisation, 364 000 euros en espèces, une grande quantité de documentation et de matériel informatique mais aussi de la drogue dure et des véhicules de luxe (lire encadré).
Des fluides chinois vendus trois fois moins cher
C'est en découvrant à Grenade des fluides frigorigènes venus illégalement de Chine et revendus 3 fois moins chers que le prix du marché, que les investigations ont commencé en septembre 2021. Le tout bien sûr sans s'acquitter des impôts au Trésor public ni la taxe sur les gaz à effet de serre fluorés instaurée en Espagne. « C'est pour cette raison qu'une enquête conjointe a été ouverte avec l'Unité centrale opérationnelle de l'environnement de la Garde civile, Europol, OLAF et l'Agence fiscale », a indiqué le ministère de l'Intérieur espagnol.
Ces investigations ont permis de découvrir un réseau d'entreprises structuré en quatre niveaux d'opérations criminelles, le premier niveau étant l'importateur de ces gaz dont l'entreprise est basée à Valence et, en dessous, un réseau de distribution dont les deux meneurs ont leur base d'opérations à Grenade. Ces derniers disposaient à leur tour d'un réseau de distribution secondaire réparti dans toute l'Andalousie et d'autres provinces espagnoles.
« L'importateur du gaz en provenance de Chine l'a introduit irrégulièrement sous le couvert du transit douanier communautaire externe, qui permet de s'exonérer notamment de droits d'importation », expliquent les enquêteurs. Ainsi, cette procédure permet à des marchandises de transiter par plusieurs pays de l'Union Européenne jusqu'à leur destination finale dans un pays tiers. Mais en réalité, dans le cas présent, cette marchandise restait en Espagne pour être distribuée par l'organisation mafieuse sur tout le territoire national. Ainsi, en mars, lors d'une inspection dans un bâtiment industriel appartenant aux détenus, les agents ont localisé une cargaison de R 404A qui était entrée par le port de Valence. Ces bouteilles étaient censées aboutir dans un entrepôt à Hambourg (Allemagne) pour être ensuite exportées en Jordanie, mais elles ont été retrouvées dans un entrepôt situé dans une zone industrielle près de Grenade.
Afin de faciliter la circulation et la distribution des marchandises en Espagne, le chef de file de l'organisation avait créé une société écran au Portugal, censée être la destination des marchandises, ce qui donnait une apparence de légalité aux transports de gaz lorsqu'ils étaient éventuellement inspectés par les agents, en essayant de leur faire croire que la cargaison était destinée au pays voisin.
(*) Olaf est l'Office européen de lutte antifraude
Des fluides payés en forfaits vacances
Les détenus ont blanchi l'argent obtenu par l'intermédiaire d'une société écran créée à cet effet, ou en achetant des véhicules haut de gamme ou des biens immobiliers ; mais ils l'ont surtout fait par l'intermédiaire d'une agence de voyages de Madrid, dont les responsables ont également été arrêtés, où les clients payaient le gaz sous forme de forfaits vacances ou de services hôteliers. .