La filière respire : l’architecture de MaPrimeRénov’ restera inchangée en 2025. Les simplifications obtenues par les organisations professionnelles et entrées en vigueur en mai perdureront. Le monogeste restera possible même dans les bâtiments avec les plus mauvaises notes de DPE.
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Mais à moyen terme, ne faut-il pas que le secteur sorte de la logique des aides publiques ? Le stop and go permanent de l’Etat, qui crée des mécanismes, incite à investir puis arrête tout face à la fraude, brise la confiance que les acteurs économiques pouvaient placer dans la parole publique. Les industriels vertueux, les distributeurs sincères et les installateurs honnêtes qui avaient misé sur le thermostat à la faveur du Coup de pouce instauré en fin d’année dernière en sont pour leurs frais, comme avant eux les acteurs de la ventilation double flux.
Il est sans doute temps de réfléchir à la fin des aides. Pas une fin brutale, décidée en catimini par trois conseillers ministériels en décembre pour une entrée en vigueur en janvier, mais une fin programmée, planifiée, progressive. Dans un épisode récent de notre podcast Direction, le PDG d’Airwell Laurent Roegel approuvait l’idée d’une feuille de route sur cinq ans pouvant déboucher sur la fin de MaPrimeRénov’. Le DG du Groupe Atlantic Damien Carroz appelle la filière à « réfléchir à l’après-MaPrimeRénov’ ». Identifier les gisements de baisses des prix à tous les niveaux, préparer les esprits des installateurs comme des consommateurs à une extinction en douceur des aides et construire une filière économiquement autonome : voilà qui préparerait l’avenir de façon solide.
Cela laisserait aussi le temps de faire émerger de nouveaux modèles. Les banques commencent enfin à s’intéresser à la rénovation énergétique. Le leasing, généralisé dans le monde automobile, cherche de nouveaux terrains, et pourrait sans douter trouver sa place dans le génie climatique. En relève des aides publiques, un modèle de mensualités en échange d’une performance ne demande qu’à éclore.
En attendant, tous les acteurs sont prisonniers des caprices d’un Etat sans boussole et sans argent. Il faut réagir sans cesse, dans un climat économique très dégradé. Dommage.