Chaudières gaz en sursis : la Première ministre jette de l'huile sur la flamme bleue
Le compte à rebours est-il lancé pour les chaudières gaz ? L'idée d'interdire l'installation de chaudières gaz dans le Bâtiment semble germer au sein du gouvernement. Après une rumeur ébruitée en mars, puis refutée par le ministre du Logement en avril, la menace sur la flamme bleue se concrétiserait, à en croire les propos tenus par la Première ministre Elisabeth Borne devant le Conseil national de la Transition écologique ce lundi 22 mai.
Émissions de GES à baisser de moitié dans le Bâtiment
La locataire de Matignon a en effet rappelé les ambitions gouvernementales de faire baisser les émissions de gaz à effet de serre de 50 % en 2030 par rapport à 1990, conformément au nouvel objectif fixé par l'Union européenne depuis deux ans. Jusqu'à présent, la France visait une baisse de 40 % de ses émissions. Aujourd'hui, le recul enregistré est de 25 %. Pour arriver à ses fins, l'État prévoit donc un plan d'actions précis et chiffré, plan d'actions présenté devant le Conseil national de la Transition écologique. Si le transport et la logistique de livraison semblent être l'un des plus gros leviers identifiés par le gouvernement, avec notamment l'électrification du parc automobile et l'évangélisation de l'hydrogène dans les véhicules, la Première ministre a également mis en avant les efforts à réaliser dans le Bâtiment.
Aujourd'hui, le Bâtiment émet 64 MtCO2eq / an. Le plan gouvernemental vise une émission de 30 MtCO2eq / an en 2030, soit réduire de plus de la moitié en sept ans. Sans surprise, pour réduire les GES, Matignon mise sur la disparition des équipements de chauffage fonctionnant aux énergies fossiles. La chasse au fioul étant déja ouverte depuis 2019, le gouvernement souhaite désormais s'attaquer aux chaudières gaz selon l'AFP, en tablant sur une " économie " d'émission de GES de 26 MtCO2eq / an.
La filière gaz inquiète et déçue
Pour les professionnels du chauffage au gaz dans le Bâtiment, représentés par Coénove, ce projet d'interdiction de chaudières gaz est " une fausse bonne idée aux conséquences économiques désastreuses pour les ménages français et les finances publiques ". L'association s'est déclarée fortement déçue et vivement inquiète suite à l'annonce " brutale " de la Première ministre. " Cette mesure serait non seulement contre-productive pour réduire la dépendance de la France aux énergies fossiles, mais elle renforcerait l’éco-délinquance, qui se nourrit des interdictions, et elle serait également susceptible d’engendrer des dommages économiques importants pour les ménages et pour la collectivité dans son ensemble, alors même que d’autres leviers beaucoup plus pertinents peuvent être actionnés dans le cadre de la politique de décarbonation des bâtiments " estime Coénove.
" Une impossibilité technique " de se passer du gaz
L'association pointe notamment une fragilisation du système énergétique, mais également une accentuation des inégalités sociales, la pompe à chaleur étant en moyenne 10 000 € plus cher qu'une chaudière gaz THPE sans oublier les impossibilités techniques d emise en oeuvre de la mesure. " Le recours à des solutions de remplacement des chaudières gaz par des PAC électriques n'est pas possible dans tous les cas de figure et va se heurter à de nombreuses contraintes techniques et réglementaires, y compris en maisons individuelles, détaille-t-on chez Coénove, entre les difficultés d'installation et nuisances sonores des unités extérieures, les diamètres des canalisations de distribution de l’eau de chauffage ou encore le dimensionnement du réseau électrique. "
Pour Jean-Charles Colas Roy, président de Coénove, « Nne mettons pas les Français dans des impasses technico-économiques ! L’atteinte des objectifs de décarbonation fixés par l’Europe « Fit for 55 » est possible tout en permettant à la France de préserver la résilience énergétique du pays, le pouvoir d’achat et les finances publiques. Cela passe par la sobriété choisie et pérenne, l’accélération de la rénovation performante et globale des bâtiments et un soutien au développement des gaz renouvelables pour atteindre 20 % de biogaz à 2030. Ne nous trompons pas de combat, ce n’est pas l’appareil qu’il faut bannir mais le gaz qu’il faut verdir. »