Pompes à chaleur, chaudières… : où en sont vos différents marchés ?
La PAC air-eau confirme mois après mois sa chute, avec - 46 % à fin juin 2024. L’année sera évidemment négative, et 2025 probablement aussi. Le marché se corrige brutalement, après de très fortes progressions en 2022 et 2023. Le déstockage chez les grossistes n’est pas encore terminé. Côté PAC air-air, on atteint - 11,7 % à fin juin, mais la météo ne nous aide pas. Nous misons sur un marché stable en 2024. Les chaudières murales, enfin, sont à + 20 % à fin juin. Les chaudières conventionnelles (+ 21 %) se portent même un peu mieux que les chaudières à condensation (+ 19,5 %). Le marché pour cette fin d’année est difficile à prévoir sur le gaz, mais la chaudière continue à séduire.
Qu’attendez-vous des pouvoirs publics ?
Quel que soit la couleur du gouvernement, notre message est inchangé. Nous voulons des aides stables et simples. Les modifications permanentes, mais aussi les difficultés que certains ont pu connaître pour mobiliser les fonds de MaPrimeRénov’ n’ont pas joué en faveur du marché.
Je pense aussi qu’il faut assainir le marché et mieux lutter contre l’éco-délinquance, pour renforcer la confiance des consommateurs dans la filière.
L’éco-délinquance est largement liée aux aides, et les marchés les mieux orientés sont les moins aidés. Faut-il en conclure que la PAC air-eau se porterait mieux sans aides ?
C’est impensable pour l’instant. Toutes les expériences dans les pays d’Europe montrent que lorsque les aides reculent, le marché s’effondre. Le prix d’une pompe à chaleur air-eau reste bien trop élevé pour que le marché puisse se passer d’aides ! Très peu de ménages peuvent s’offrir une PAC air-eau sans aides. Les solutions au gaz sont à des prix beaucoup plus bas, ce qui les rend plus autonomes et financièrement accessibles.
Une baisse de prix des PAC air-eau est-elle possible à terme ?
Tous les constructeurs y travaillent, mais les marges de manœuvre sont limitées…
L’acquisition par Bosch de Johnson Controls Hitachi, annoncée mi-juillet, peut-elle jouer en ce sens ?
Le renforcement de la R&D, couplé à une empreinte industrielle très forte, y contribueront. Mais il est encore beaucoup trop tôt pour en dire plus. L’opération sera achevée probablement au deuxième trimestre 2025 !
Au-delà de la question Bosch-Hitachi, la PAC air-eau ne dispose pas d’une technologie mondiale unique, contrairement à la PAC air-air. Cela limite les possibilités d’économies d’échelle d’envergure.
Beaucoup de fabricants avancent sur le marché du logement collectif. Comment prenez-vous le sujet au sein de Bosch Home Comfort ?
Il existe des modules thermiques d’appartement, des générateurs de moyenne puissance mais ces solutions ne décollent pas véritablement sur le marché. Les nouveaux optimums technico-économiques peinent à émerger.
Pour ma part, je crois profondément à l’avenir du gaz, qui passe évidemment par son verdissement. Bosch est un acteur très important des réseaux de chaleur urbains (RCU), souvent associés à une chaudière de forte puissance. En appartement chauffé individuellement, il n’existe pas pour l’instant de réelle alternative à la chaudière murale gaz, compétitive et performante.
Les pouvoirs publics ont longtemps été très méfiants vis-à-vis du gaz vert. Est-ce toujours le cas ?
Les choses changent. De plus en plus de méthaniseurs se construisent, en partie aidés par les pouvoirs publics. L’administration commence à comprendre que l’électricité ne pourra pas tout. La mobilité électrique va prendre une part importante dans nos usages. Le gaz vert est très utile pour le chauffage, dans une perspective de mix énergétique équilibré. La chaudière THPE verdie est une très bonne solution, de même que la PAC air-eau ou, dans les logements chauffés par effet joule, le neuf, une PAC air-air avec un chauffe-eau thermodynamique.
L’hydrogène vous parait-elle une voie d’avenir ?
Je crois beaucoup plus au gaz vert qu’à l’hydrogène, qui nécessite des quantités très importantes d’énergie pour sa production. Des pays comme le Royaume-Uni et le Danemark ont beaucoup misé sur l’hydrogène, mais les Anglais semblent déjà en revenir. Au-delà de la communication de certains de nos confrères, je ne crois pas à l’avenir de l’hydrogène sur le marché français pour le chauffage résidentiel.
Un mot de l’hybridation, que les pouvoirs publics ont peu soutenue jusqu’à présent. Y croyez-vous ?
Dans nos projections à l’horizon 2030, nous misons sur une progression de l’hybride, mais pas non plus sur une envolée. Hybrider une installation existante, en relève de chaudière, avec une petite pompe à chaleur permet de conserver les atouts du gaz. En revanche, coupler une chaudière et une PAC neuves paraît hors d’atteinte pour la plupart des ménages.
Frédéric Agar en cinq dates
- 2015 : président de Bosch Home Comfort France
- 2011 : COO et directeur des ventes Europe de Haier
- 2008 : DG de Ciat
- 1998 : DG France, puis Europe, Moyen-Orient et Afrique d’Hitachi
- 1989 : chef de produit chez Hitachi