Alors que deux décrets viennent de paraître au Journal officiel sur le DPE opposable, les craintes sur la nouvelle méthode de calcul du diagnostic, encore non précisée, se font entendre. Dernière en date, l'intervention d'Olivier Sidler, fondateur d'Enertech, lors d'un webinaire organisé par Energie & Avenir sur l'avenir de la boucle d'eau.
Dans un échange avec le président du Plan Bâtiment Durable, Philippe Pelletier, et le président de l'association des professionnels de la boucle d'eau, Philippe Méon, le porte-parole de NégaWatt s'est montré critique quant à la réforme attendue du DPE. " Cette réforme est construite sur plusieurs impostures " déclare Olivier Sidler. La première est, selon lui, une non-conformité avec les directives européennes privilégiant de s'exprimer en énergie primaire et non en énergie finale.
L'autre " tricherie " soulevée par le thermicien consiste en la modification de l'impact carbone de l'électricité. " Il faudrait partir sur une valeur plus réaliste, telle autour de 140 g/kWh plutôt que les 79 g actuellement retenus notamment dans la RE2020. "
Enfin, et c'est peut-être la plus grande inquiétude d'Olivier Sidler, avec cette réforme du DPE, " un particulier qui avait l’habitude de déduire de l’étiquette DPE le prix de l’énergie chez lui va être trompé, mais ne s’en rendra pas compte tout de suite ! Conséquence, il vous suffira, si vous êtes chauffé au gaz ou au fioul, d'installer quelques convecteurs électriques en plus pour faire baisser la consommation. Et si l'objectif est d'atteindre la classe C, à 110 kWh, il vous suffit ensuite d’isoler un peu la toiture et c’est fini ! Vous aurez atteint la lettre souhaitée pour le DPE, mais vous aurez une consommation élevée pour le chauffage, et une enveloppe minime de votre habitation ! On atteint exactement l'inverse de ce qu'on recherche. "
Philippe Pelletier a assuré qu'il était « hors de question que les différents scénarios que l’on va mettre en œuvre puissent évacuer des catégories F et G des logements qui sont énergivores, il n’y aura pas de tour de passe-passe, pour éradiquer subitement la précarité énergétique qui existe dans notre pays ». Souhaitons-le car sinon, à écouter Olivier Sidler, on signera avec cette réforme du DPE le retour des Gilets Jaunes dans la rue.