Mais que vont devenir ces centaines de milliers de pompes à chaleur installées en moins d’un an ? La chasse au fioul lancée par le gouvernement et la médiatisation des épisodes caniculaires n’ont-ils pas envoyé des hordes de margoulins dans nos campagnes ?

«  Les contre-références, nous en aurons, puisqu’à nouveau nous voyons émerger des sociétés opportunistes « One-shooter » qui envahissent ce marché. Tout le problème est là. C’est pour cela que nous préférons nous tourner exclusivement vers les distributeurs, de façon à mieux maitriser ce marché », note Christian Balmain, DG de Gree Products France.

Du côté d’Hitachi, qui distribue ses équipements via des comptoirs dédiés exclusivement à la marque, on ne craint pas une vague de contre références comme à la fin des années 2000.  « Les produits sont plus fiables, plus faciles à installer et les installateurs sont dorénavant davantage formés. Cela fait plus de 10 ans que le marché de la PAC est significatif et revêt un intérêt pour tous les installateurs. Cet accroissement du marché est donc majoritairement traité par des installateurs déjà rodés à la PAC. La situation est bien différente avec celle de 2008 – 2010 où la « bulle » avait créé un effet d’aubaine auprès de sociétés commerciales qui étaient arrivées sur le marché du jour au lendemain », explique David Bioche, directeur marketing France chez Johnson Controls Hitachi Air conditioning.

Mais au-delà des problèmes d’installation qui se feront peut-être ressentir dès l’année prochaine, le gouvernement semble bien décidé, avec la réforme du CITE (voir P12) à sonner la fin de la récré pour les acteurs de la PAC air/eau. L'Association française pour la pompes à chaleur (Afpac) regrette notamment le reste à charge "dissuasif" pour l'acquisition d'une pompe à chaleur au 1er janvier 2020 : de 4 238 € pour les ménages aux revenus très modestes et 5 238 € pour les modestes - sur la base d’un montant des travaux de 12 338 € pour une PAC air/eau. L'organisation critique également l'absence d'aide de l'Etat pour les ménages les plus aisés, soit les 9e et 10e déciles, et craint que ces foyers « n'anticipent plus le remplacement d’équipements existants et attendent la panne définitive."

« La réforme du crédit d’impôt aura un effet négatif sur les ventes. Nous reviendrons inévitablement à un niveau de croissance plus cohérent », anticipe José Alves en charge de l’activité Chauffage et climatisation de Panasonic France.

« Pour 2020, on ne s’attend pas à une chute brutale mais à un tassement du marché. A moyen terme, la tendance va rester haussière mais un ajustement devrait s’opérer sur 2020. Les à-coups du marché provoqués par les annonces gouvernementales depuis plus de 10 ans se répètent malheureusement et déstabilisent la filière », David Bioche.

« Le projet de Loi de finances nous interroge sur le revirement si soudain des pouvoirs publics. Bien qu’il soit difficile d’entrevoir quelle sera l’issue définitive, si ce projet reste en l’état, il est certain que cela aura un impact important sur le développement des PAC et favorisera le maintien de chaudières vétustes. Et, finalement, l’ambition gouvernementale de réduire les  émissions de CO2 du poste chauffage en maison individuelle ne sera pas atteint », François Deroche, directeur marketing de Daikin France.